II Impacts négatifs des sectes sur l'individu et la société

I. L'individu.

A la suite des manipulations mentales effectuées par la secte sur l'individu, ce dernier voit sa vie se compliquer. Il peut même se retrouver à commettre des actes, sur lui-même ou sur les autres, qu'il n'aurait probablement jamais fait auparavant. L'individu change tellement qu'il lui est très difficile de retrouver sa vie d'avant. Les traumatismes subis sont d’ordre divers. L'ex-adepte doit vaincre ces traumatismes résultants de son embrigadement avant d'envisager de retrouver une vie normale.

1. Intégrité physique.

L'intégrité physique est bafouée dès l'entrée dans la secte. En effet, comme il a été évoqué précédemment, les nouveaux adeptes sont éloignés de leurs proches par la secte. Ainsi, chaque adepte appartient en intégralité, que ce soit physique ou morale, à la secte, faisant de cette dernière son unique influence dans les choix à venir.
Cependant, cela peut aller beaucoup plus loin. En 1978, l'opinion publique mondiale est marquée par le suicide au Guyana de 914 adeptes du Temple du Peuple. On retiendra également la
très probable immolation par le feu de 88 membres de la secte de David Koresh au Texas en 1993, ou encore  le suicide collectif du Temple Solaire en 1994. Les inquiétudes sur les suicides collectifs sont redoublées par l'annonce de fin du monde le 21 décembre 2012, qui fait craindre de grandes réactions des sectes dites "apocalyptiques".
De gauche à droite : suicide collectif au Guyana ; Immolation par le feu de la secte de David Koresh ; Suicide collectif du Temple Solaire.


Sans que la méthode employée soit le suicide, les sectes peuvent conduire l'adepte à la mort par d'autres moyens. Par exemple, il est proposé aux personnes souffrant de maladies graves (cancers, sida, sclérose en plaques, etc.) des "traitements" alternatifs. La prise de ces remèdes qui n'en sont pas (jus de citron, eau parfumée...) s'accompagne généralement d'un refus des traitements traditionnels. On peut également rappeler le refus de la transfusion sanguine par les Témoins de Jéhovah.

Les conséquences de la possession physique ne sont pas toujours aussi excessives, car un individu vivant représente toujours plus de profit et de pouvoir qu'un individu décédé. Par exemple, certaines sectes (notamment la Scientologie), organisent des jeûnes. En apparence, cela ne présente rien de dangereux, mais, à la différence des jeûnes religieux,  ils peuvent durer plusieurs jours ou semaines, et ainsi causer d'importants troubles de santé. Parfois, ils sont tout de même utilisés comme moyen pour faire mourir des adeptes.
Les abus sexuels sont également une dérive physique majeure des sectes. Le gourou prétendant être une sorte de messie, effectue des "rapports sexuels par abus de faiblesse", généralement considérés comme des viols. Récemment, en 2011, un gourou français  a été arrêté pour viol, dans sa secte qu'il avait baptisé "L'université de la nature, l'écologie, et de la relation", où il prétendait avoir des solutions à l'épanouissement sexuel.

2. Santé mentale.

Les traumatismes sur l'individu qui quitte sa secte peuvent s'avérer être très profonds.
La plupart revendique une sensation de s'être fait manipuler, ce qui entraîne un sentiment confus, entre honte, tristesse et haine, qui donne lieu à des pathologies, différentes selon les personnes. Certaines deviennent dépressives, d'autres présentent des troubles de l'anxiété, des attaques de panique, et certains même voient apparaitre des phobies inexistantes autrefois, dans leur vie quotidienne. Plusieurs stades d'évolution des états psychotiques ont été établis, allant du stade 1 "Personnes subissant des problèmes (familiaux, universitaires)" au stade 6, qui présente des pathologies élevées, comme des adultes se mettant à sucer leur pouce, en passant par le stade 4, où les personnes ont des délires (vision d'extraterrestres, etc.). De plus, la très forte croyance à une secte (qui, souvent, a soi-disant démontré ce qu'elle affirme par la science), affecte la capacité de l'ex-adepte à accorder de la confiance aux autres, ainsi qu'à toute donnée qui lui sera présentée. Après tout, celui-ci peut se dire, "si quelque chose qui semblait aussi vrai ne l'est pas, alors y a t-il quelque part de la vérité et de la sincérité ?" Enfin, l'ex-adepte a souvent perdu tout contact avec la société, ainsi que le sens des responsabilités. Ainsi, des actions de la vie quotidienne qui autrefois étaient effectuées sans problèmes, peuvent devenir  un vrai défi et demander une immense rééducation.
Ces difficultés de réadaptation à la vie hors d'une secte peut se constater dans des témoignages poignants, comme celui-ci, prononcé par une ex-adepte, devant la commission d'enquête parlementaire :
"Il m’a fallu deux ans pour me défaire de la secte. J’ai dû réapprendre quelles étaient les vraies valeurs et les vraies normes. J’ignorais que celles qu’on m’avait inculquées n’étaient pas les vraies. J’ai dû, par exemple, réapprendre à parler avec une autre personne, à table, en prenant un café. Tous les contacts que j’avais étaient destinés à m’associer à la secte. Je ne pouvais plus mener de conversation normale. J’ai également dû réapprendre à oser me promener dans une rue commerçante, regarder un pantalon et même l’essayer. J’ai dû réapprendre à me maquiller, à organiser mes loisirs. J’ai dû repenser à la musique qui me plaisait autant d’années auparavant. C’était pareil pour mes passe-temps. J’ai dû réapprendre à faire de la danse. Cela a été très difficile et j’en supporte encore partiellement les conséquences. J’ai conscience d’avoir bien agi en venant témoigner ici. Mais je pense que, tantôt, je me sentirai à nouveau coupable. Eux préfèreraient me voir jetée dans le canal, une pierre autour du cou, que de me voir vivante.»

Cette déclaration montre bien jusqu'où l'emprise d'une secte peut aller dans la destruction mentale de l'individu, ainsi que la monstruosité de ces mouvements.
Ainsi, dans les sectes, une dérive en entraîne facilement une autre, et c'est là leur principal danger : tomber dans un cercle vicieux dont il est de plus en plus difficile de sortir, tant le vrai du faux peut devenir difficile à distinguer.

Heureusement, les ex-adeptes ne sont pas seuls dans leur quête de retrouvailles avec leur vie d'avant : des associations (tel le CCMM) existent pour aider les victimes d'une secte à reprendre goût à la vie en société, et leur présence est souvent la bienvenue, tant une reconstruction en solitaire est un exercice difficile. Cependant, là aussi, l'ex-adepte aura du mal à accorder sa confiance.



Les sectes sont accusées, à juste titre, de manipulation mentale nuisant à la volonté propre de la personne. C'est ainsi qu'un grand nombre d'adeptes perd sa personnalité, que ce soit sur le plan des loisirs ou des relations avec les autres.

La plupart des sectes, dont la célèbre Scientologie, promet de conduire l'individu vers un épanouissement qu'il n'a jamais atteint. Ces fausses promesses de bonheur et la recherche de spiritualité de certains, sont les principales raisons qui conduisent une personne à être dépendante d'une secte. En effet, la secte commence par chercher des "vices" à leur prochaine victime, afin de mieux l'aider à soi-disant guérir. Même si l'individu n'a pas de problèmes particuliers, la secte doit parvenir à le convaincre qu'il n'a pas encore trouvé l'accès au bonheur. L'ampleur de la déception et le sentiment de trahison qu'un ex-adepte peut ressentir y sont pour beaucoup dans les difficultés à se remettre des méfaits d'une secte.
Ces faits sont bien présentés dans le documentaire d'investigation de JC Deniau, de 2010, "Scientologie: La vérité sur un mensonge" où un individu témoin raconte comment la scientologie cherche à le guérir, en lui montrant ses "problèmes" par des tests de personnalité particulièrement absurdes.


3. Impact financier. 


Les ressources principales des sectes sont les dons des adeptes. Ceux-ci donnent à la secte comme à une association, pour l'aider à se développer et à "aider" d'autres individus. Cependant, contrairement aux dons effectués pour un groupe religieux, comme l'Eglise, la secte destine la plupart de ceux-ci au profit personnel des dirigeants.
La deuxième source d'enrichissement est la vente de stages, de cours accompagnés de commercialisations diverses : ouvrages d'endoctrinement (souvent des œuvres du gourou, comme les livres de Ron Hubbard dans la Scientologie), produits pédagogiques, outils de perfectionnement comme l'électromètre des scientologues (détecteur de mensonges vendu à un prix exorbitant), vente de produits écologiques, substances chimiques, etc.
Ainsi, l'entrée dans une secte représente un véritable investissement financier, souvent très considérable. L'adepte dépense d'énormes sommes dans le seul but, la plupart du temps, d'obtenir le "salut de son âme". Les prix sont volontairement exceptionnellement élevés,  mais la pression exercée sur l'adepte qui s'apparente presque à du racket, le fait acheter les biens. Certaines sectes proposent en effet des week-end pour communiquer avec l'au-delà à plus de 5000 euros.
A partir d'un moment, souvent en quittant la secte, l'individu réalise qu'il a des problèmes d'argent. L'arnaque financière peut s'avérer être un problème aussi grave que les violences physiques ou mentales lorsque l'ex-adepte se retrouve dans une situation de pauvreté et de chômage... Cela crée une nouvelle difficulté pour l'ex-adepte lors de sa tentative de reconstruction.
La captation d'argent est souvent l'objectif principal du gourou, qui, en montant sa secte, espère y trouver un moyen de s'enrichir sur la croyance et la fidélité des individus qui suivront ses doctrines.



                                      
Ainsi, les sectes parviennent, sous de nombreux aspects et avec de nombreuses techniques, à abuser financièrement des individus. La reconstruction pour ceux-ci après de tels événements est souvent difficile.






4. Le cas particulier des enfants.

Les enfants ne sont en aucun cas protégés des faits précédemment cités. Au contraire, un enfant mêlé aux activités d'une secte n'est que plus touché par ses dérives, et l'on estime à 70 000 le nombre d'enfants appartenant actuellement à une secte.  La plupart du temps, les enfants entrent en rapport avec les sectes à cause de leurs parents, eux-mêmes membres. La première conséquence sur l'enfant étant un manque d'épanouissement et d'éducation. Parfois, le rapport entre l'enfant et la secte peut prendre une ampleur particulièrement dramatique, notamment lorsque des violences physiques et psychologiques sont exercées sur l'enfant, ou lorsque la secte tente de faire souffrir des parents par l'intermédiaire de leur enfant.
De plus, la mise en relation avec une secte entraîne souvent une déscolarisation, à un âge où celle-ci est prohibée par la loi.
Comme les autres membres de la secte, les enfants peuvent être privés de soins ou d'aliments. Les conséquences peuvent être encore plus dramatiques chez les plus jeunes, à un âge où l'alimentation doit être bien réglementée. On retiendra le décès en 2005 d'un enfant de 16 mois, dont les parents étaient adeptes de la kinésiologie, groupe qui propose des méthodes souvent inefficaces pour lutter contre les maladies. L'enfant avait souffert de malnutrition (il pesait 6 kilos à sa mort), alors que son état impliquait une nutrition très contrôlée.
Bien sur, les enfants peuvent être eux aussi victimes d'abus sexuels, des gourous ayant été condamnés pour pédophilie.
Enfin, on peut imaginer combien il est difficile pour un enfant né et éduqué au sein d'une secte de s'insérer dans une société auquel il n'a jamais eu accès auparavant.

II. La société.


Les sectes sont devenues un véritable phénomène de société, et ce à cause de l'échec des sociétés individualistes. En effet, la société est victime de ce qu'elle fait subir à l'individu (choix, responsabilités...), et celui-ci peut donc décider de rejoindre un groupe, où il aura le sentiment d'être compris, soutenu, reconnu. L'importance actuelle des phénomènes sectaires peut donc être interprétée comme une forme d'échec de notre société.
C'est lorsqu'un mouvement sectaire commet, ou risque de commettre des actions illégales, dangereuses, ou forcées sur un groupe d'individus que la société est directement concernée.

Les sectes ont conduit à de nombreux crimes, effectués pour la plupart avec l'aide des adeptes totalement aveuglés par la manipulation mentale, souvent pour atteindre des objectifs économiques ou dans le but d'augmenter leur pouvoir. L'unique avantage que l'on peut tirer des dérives sectaires extrêmes (suicides collectifs, séquestrations...) est qu'elles mettent en lumière les dangers d'organisations que l'on ne pouvait auparavant qualifier de sectes, et permettent ainsi une lutte plus efficace. L'importante médiatisation des phénomènes sectaires, notamment dans la seconde moitié du XXème siècle, a conduit à de nombreuses protestations. Des organisations aux objectifs pourtant  différents se sont réunies dans le but d'assurer une lutte contre les mouvements sectaires.

Les sectes peuvent avoir un rôle important dans la société des pays, tenant même parfois une influence dans la politique et l'économie de ceux-ci. Sur ce dernier point, les importantes sommes d'argent prélevées sur les adeptes manipulés ont permis un enrichissement de ces sectes, devenant de véritables entreprises. De plus, le nombre d'adeptes très considérable de certaines sectes (notamment la Scientologie), leur donne même un pouvoir
dans des domaines tels que la justice ou la politique. En effet, certains adeptes occupant des postes importants peuvent intervenir, de façon légale (en donnant une opinion publique qui est celle de la secte), ou de façon illégale dans le fonctionnement de l'Etat (des affaires de vol de dossiers compromettants ont déjà eu lieu alors qu'un procès de secte se préparait, et des éléments dans le dossier du premier procès de la Scientologie ont été rajoutés alors que ce dernier était encore en cours, faisant basculer le procès en leur faveur...).
Bien sûr, ces influences restent mineures, mais elles n'en sont pas moins un fléau qui a tendance à s'étendre, le nombre d'adeptes dans les sectes augmentant d'année en année depuis le milieu du XXème siècle.
De plus, les relations entre certaines personnalités appartenant à des sectes et des individus importants de la société peuvent paraître déplacées. Par exemple, des critiques avaient été formulées en aout 2004, lorsque Nicolas Sarkozy, alors ministre des finances, avait reçu Tom Cruise, acteur et figure importante de la Scientologie. Ce genre de rencontres permet aux sectes de se faire connaître et reconnaître.

Actuellement, les organismes de lutte contre les mouvements sectaires (MIVILUDES), et les associations, prêtent particulièrement attention aux sectes apocalyptiques. En effet, la 183ème annonce de fin du monde prévoit celle-ci pour décembre 2012. Cependant, cette annonce prend une ampleur particulièrement importante. Ce qui a changé, c'est l'aspect catastrophe très médiatisé (tsunamis, effondrements de montagnes), qui effraie particulièrement, ainsi que la présence d'Internet créant un "buzz" mettant au courant toute la population.
La société ainsi que les mouvements de lutte contre les dérives sectaires voient cette annonce de fin du monde comme un réel danger pour les membres de certains groupes, et même pour l'ensemble de la société. Il faut cependant nuancer : ces risques concernent essentiellement les groupes dont la doctrine apocalyptique représente le point central. En effet, le ou les gourou(s) de ces groupes créent une peur chez leurs adeptes, et la société craint une vague de suicides collectifs durant l'année 2012 pour "échapper à la fin du monde", comme cela s'est déjà produit auparavant (Temple du Peuple en 1978, Temple Solaire en 1994).

Bugarach : village du sud de la France qui serait sauvé de l'apocalypse en décembre 2012. De nombreuses sectes s'y sont déjà réfugiées.

Ainsi, les dérives sectaires représentent un véritable danger pour la société, qui est souvent victime des actes de ces sectes. Cependant, dans le but de ne pas se laisser corrompre, influencer, ou attaquer, la société choisit parfois de réagir à ces dérives, en optant pour diverses mesures.


                     

Notre interview d'Annie Guibert (présidente du CCMM) sur l'impact négatif des sectes sur l'individu et la société.







III La Lutte contre les dérives sectaires à travers le monde


I. La france, leader de la lutte engagée par les états contre les sectes.

En France, le nombre de sectes dites « dangereuses » s'élève à 172. Principalement installées dans quatre régions :

-Ile de France
-Poitou Charente
-Provence Alpes Côte d'Azur
-Lorraine

La France a publié en 1996 un rapport d'une commission parlementaire sur les sectes , ayant un retentissement important en Europe et qui pose des questions sur la politique à tenir .
Ce renforcement de la politique sur la prévention nécessaire contre les dérives sectaires est lié aux drames de l'Ordre du Temple Solaire qui se sont successivement déroulés en 1994, 1995 et 1997. En 1998 est créée la mission interministérielle de lutte contre les sectes (MILS) qui deviendra en 2002 la MIVILUDES .

1. La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires.

C'est un organisme de l'Etat français ayant comme mission d'observer et d'analyser le phénomène des dérives sectaires. La MIVILUDES apporte quelques améliorations.
Elle permet d'analyser « le phénomène des mouvements à caractère sectaire dont les agissements sont attentatoires aux Droits de l'Homme et aux libertés fondamentales ou constituent une menace à l'ordre public ou sont contraires aux lois et règlements ».
Elle oriente son action non plus surtout vers la répression mais vers la défense des mineurs et vers un soutien plus important aux victimes des sectes. Elle doit favoriser, dans le respect des libertés publiques, la coordination de l'action préventive et répressive des pouvoirs publics.

Sont considérés comme menaçant pour les individus : 
  • la déstabilisation mentale,
  • le caractère exorbitant des exigences financières,
  • la rupture avec l'environnement d'origine,
  • l'existence d'atteintes à l'intégrité physique,
  • l'embrigadement des enfants, le discours antisocial, les troubles à l'ordre public,
  • l'importance des démêlés judiciaires,
  • l'éventuel détournement des circuits économiques traditionnels,
  • les tentatives d'infiltration des pouvoirs publics.
Elle ajoute à ces critères :
  • la menace d'atteinte à l'ordre public,
  • des conditions de vie déstabilisantes,
  • les atteintes à des personnes en état de faiblesse et d'ignorance,
  • la sujétion mentale conduisant à des actes ou à des abstentions préjudiciables,
  • le refus des autres et l'isolement dans un groupe,
  • la violation des principes fondateurs de la République,
  • le non-respect des conventions internationales ratifiées par la France.

2. Des associations et des aides aux familles.

A partir des années 70/80 , correspondant à « l'âge d'or » des sectes, leur prolifération accroit leur emprise sur la société de façon fulgurante.  En réponse, de nombreuses associations d'aides aux familles de victimes sont créées.

Ainsi l'UNADFI (Union Nationale des Associations pour la Défense des familles et de l'Individu) voit le jour.
Sa mission est l’aide aux victimes de pratiques abusives exercées par des organisations de type sectaire, qui entraînent l’altération de l’intégrité de la personne (physique, psychologique ou sociale) et portent atteinte aux Droits de l’Homme, à la dignité humaine et aux libertés individuelles.

Ses domaines d’action sont :
  • L’étude des principes et méthodes des organisations de type sectaire
  • L’accueil et l’aide aux familles et personnes victimes de ces organisations
  • L’information auprès d’un large public
  • Le regroupement des personnes touchées par ce problème
  • L’aide à la réinsertion de personnes sorties d’un groupe sectaire
De plus, les préventions se font sous forme de magazines dans lequels sont expliqués le fonctionnement des sectes , leurs dangers et les réactions à avoir face à ces dernières. Exemple : les magazines BULLES (Bulletin de Liaison et d’Etude des Sectes)

Le Centre Contre les Manipulations Mentales (CCMM) est une autre association majeure de la lutte française contre les dérives sectaires.
Cette association, fondée par l'écrivain Roger Ikor en 1981 (son
fils s'est suicidé, victime de dérives sectaires), s'adresse aux victimes d'emprises mentales, à leurs familles, et aux citoyens. Elle informe des phénomènes sectaires, les prévient, et aide ceux qui en sont victimes.
C'est cette association, dont le siège est à Paris, que nous avons rencontré et qui a parfaitement rempli son rôle de prévention.

Le but de l'ensemble de ces associations est de fournir les clés du dialogue mais aussi de permettre grâce à des réunions de partager différentes inquiétudes.
Bien entendu, les sectes cherchent à détruire les associations de défense dont la vigilance constitue pour elles une menace permanente... Si leurs destructions s'avèrent impossibles, elles tentent parfois de les infiltrer sous couvert d'un retraité bénévole ou d'une personne sans emploi proposant ses services et essayant de fil en aiguille d'avoir accès aux dossiers confidentiels.

3. Des lois.

La laicité est un des piliers de l'institution francaise par la séparation des Eglises et de l'Etat. Ce principe garantit la liberté de religion et de culte des personnes et des communautés tant que l'intégrité morale et physique des individus n'est pas menacée. C'est pourquoi, suite à plusieurs rapports, il a été décidé de remodeler certains articles du code pénal :

La loi ABOUT-PICARD (12 juin 2001) a pour but de renforcer la prévention et la répression des agissements contraires aux Droits de l'Homme et aux libertés fondamentales :
     - Par l'extension de la responsabilité pénale des personnes morales à certaines infractions.
     - En limitant la publicité des mouvements sectaires .
     - En réprimant les abus de l'état d'ignorance ou de faiblesse des individus.

Cependant, cette loi comporte des faiblesses. En effet, il est nécessaire que ce soit la personne qui est en état de faiblesse qui porte plainte, et non son entourage. Or, comme nous l'avons vu, l'adepte est coupé de toutes réalités sociales et n'a pas conscience des abus dont il est victime.

Malgré cela, les sectes ont largement recours au statut d'association déclarée de la loi de 1901 qui constitue un grand avantage avec un minimum d'obligations :

Pour rappel, une association déclarée n'a pas d'obligations :
- Ni vis à vis de ses membres
- Ni à propos de son activité ni de son budget

Une association peut donc avoir une activité et un budget comparables à ceux d'une société commerciale, sans que ses responsables aient jamais à soumettre les comptes aux membres de l'assemblée générale, ou à présenter un bilan économique et financier.

Condamnations :

Le 25 mai 2009 à Paris s'est ouvert un grand procès contre l'Eglise de la Scientologie. Pour la première fois en France cette dernière est attaquée en tant que personne morale pour escroquerie en bande organisée. Le tribunal l'a condamnée à une amende totale de 600 000 euros mais l'a autorisée à poursuivre ses activités.
Objet du procès : les sommes acquittées par certains adeptes pour des cures de purification qui les auraient ruinés et les intimidations qu'ils auraient subies. Lors de ce procès, on constate que la secte est encore une fois poursuivie pour escroquerie et non pour manipulation mentale ce qui prouve que la loi ABOUT-PICARD est difficile à appliquer.
Comme disait Catherine Picard "frapper la scientologie au porte monnaie est la seule méthode efficace".
La Cour d'Appel de Paris a confirmé la condamnation de l'Eglise de la Scientologie le jeudi 2 février dernier. Pour l'avocat de l'association de lutte contre les sectes, c'est une décision historique. La Scientologie est ainsi condamnée pour escroquerie en bande organisée en profitant de la vulnérabilité d'anciens adeptes pour leur soutirer de l'argent. La Cour en sanctionnant par des amendes d'un montant total de 600 000 euros et des peines de prison avec sursis pour cinq scientologues a prononcé la mesure la plus sévère contre une organisation en France qui risque de freiner son expanssion et ternir son image.



 II. Les opinions et réactions des politiques étrangères.       


La Belgique :
Tout comme la France, la Belgique a mis sur pied des organismes de prévention des risques et de lutte contre les phénomènes sectaires. Le Centre d'Information et d'Avis sur les Organisations Sectaires Nuisibles, CIAOSN, a été créé en 1998, à la suite d'une enquête parlementaire visant à élaborer une politique de lutte contre les dangers sectaires en particulier ceux concernant les mineurs.

Les Etats-Unis :
Même si les Etats-Unis ont été parmi les tous premiers pays à dénoncer la dangerosité de certains groupes religieux, ils ont par la suite été très critiques envers la France. C'est ainsi que lors de la publication de rapports américains sur la liberté religieuse,  ils ont dénonçé l'intolérance française vis à vis des minorités religieuses.

L'Europe de l'est :
L'Europe orientale manifeste également un vif interêt pour les méthodes françaises. La résurgence de groupes socialement controversés amène les Etats de l'est à légiférer.
La Russie change son approche des mouvements religieux. En 1990, il suffisait qu'une association d'au moins dix personnes se désigne comme organisation religieuse pour qu'elle soit officiellement enregistrée.
D'après l'agence française de presse "13 000 sectes et mouvements religieux auraient été indistinctement enregistrés en Russie après l'effondrement de l'URSS, les doctrines sectaires seraient préconisées ouvertement dans certains cours de sciences humaines par les professeurs russes formés à l'étranger par les sectes comme Moon par exemple". Ainsi, à partir de 1997, les lois deviennent plus restrictives et le rôle de l'Eglise orthodoxe russe comme religion traditionnelle est revalorisé.

La Grande-Bretagne :
Contrairement à la France, elle n'a jamais prétendu vouloir intégrer culturellement et religieusement tous les nouveaux arrivants. On retrouve tout à fait cette idée dans l'attitude du gouvernement anglais face aux sectes car il règne une liberté quasi-totale dans ce domaine.

L'Allemagne :
Elle se fait remarquer en 1997. L'Eglise de la Scientologie a été déclarée dangereuse pour les libertés fondamentales et les Droits de l'Homme. En 1998, une commission parlementaire a été chargée d'un rapport de paix sur les sectes et groupes psychologiques. Deux fois par an, différents groupes de travail se réunissent pour faire le point.

L'Autriche :
Une mission pour les questions sectaires a été créée en 1998 pour informer l'opinion publique. Les communautés religieuses seulement après une période de probation de dix ans, peuvent demander leur officialisation.

Le Canada et la Suisse :
Officiellement, le Canada place les groupes religieux en plusieurs catégories. Les dangereux ou les inoffensifs. Il n'y a donc pas véritablement de sectes pour ce pays. De même pour la Suisse qui se caractérise par une attitude plutôt permissive :
- au niveau fédéral : pas de répression, sauf en cas de tentative d'infiltration de l'Etat.
- au niveau cantonal : surveillance et limitation du prosélytisme et projet d'information et d'éducation.
En revanche, le Canada possède un site http://www.sceptiques.qe.ca/ proposant des discussions sur les "pseudo-sciences".

Grâce au congrès européen sur le sectarisme organisé par le FECRIS (la Fédération Européenne des Centres de Recherche et d'Information sur le Sectarisme) qui s'est tenu en 1999, dix sept pays se sont réunis pour s'accorder sur une démarche commune et donc plus efficace.

Condamnations :

Peu de résultats au niveau mondial viennent concrétiser les mesures prises. Cependant, il est à noter que les Témoins de Jéhovah ont été condamnés à plusieurs reprises à travers le monde pour des affaires de pédophilie.

                                         Notre interview d'Annie GUIBERT sur les luttes contre les sectes.

Conclusion

 La lecture de cet exposé met en exergue toute la complexité de la problématique sectaire.

D'une part, cette problématique est complexe car multi-dimensionnelle et les impacts sociologiques sont vastes :
  • Au niveau de la Société : les malheurs, les doutes, et les craintes laissés sans réponse par celle-ci, contribuent au maintien et à la croissance des sectes,
  • Au niveau des individus : les sectes s'attaquent aux individus les plus fragiles et obtiennent leurs consentements et leurs adhésions par des méthodes de déstructuration de l'individu savamment orchestrées,
  • Au niveau politique et juridique : les sectes ont des appuis de politiques et d'avocats qui leur ont à de maintes reprises éviter de perdre des procès ou qui leur ont permis de faire décaler ou annuler le vote de certaines lois allant à l'encontre de leurs intérêts,
  • Au niveau commercial et financier : les sectes fondent et gèrent souvent des entreprises aux activités au demeurant respectables mais qui cachent en fait un outil de recrutement, de propagande et d'extorsion d'argent. Leur puissance financière est importante.
  • Au niveau de la liberté : elles utilisent la liberté de pensée, de croyance et de commercialisation pour être identifiées comme des religions ou des entreprises classiques afin d'avoir pignon sur rue et pour au final dissimuler leurs réels objectifs.
D'autre part, la définition même d'une secte n'est pas précise et laisse donc une certaine part d'arbitraire dans l'identification et le recensement des mouvements sectaires. La frontière avec certaines religions est très ambiguë.

Les sectes représentent un fléau pour la plupart des adhérents qui subissent des privations alimentaires et de sommeil, des abus physiques, sexuels, psychologiques intolérables.
Pour preuve, ceux qui ont la chance de sortir de l'emprise d'une secte, mettent fréquemment des mois voire des années à retrouver un certain équilibre physique et psychique.

La société a pris conscience de la dangerosité des dérives sectaires. La question n'est donc pas de savoir s'il faut lutter contre les sectes mais plutôt comment lutter contre les sectes. Chaque pays met en œuvre des politiques de luttes diverses et variées. La solution réside peut-être dans la mise en œuvre d'une politique commune à tous les pays, regroupant un ensemble de dispositifs conçus pour lutter sur tous les fronts : juridique, communication, prévention, financier...

La difficulté pour parvenir à endiguer ce phénomène est énorme et nous ne sommes qu'aux prémices de cette lutte. Néanmoins quelques résultats récents laissent entrevoir une avancée importante dans ce combat.



Bibliographie

Livres, revues :
Revue du CCMM, "Regard sur .. ", 26 septembre 2010 n°26
Revue du CCMM, "Regard sur .. ", 28 septembre 2011 n°28
Revue du CCMM, "Regard sur .. ", 25 mars 2010 n°25
CCMM, "Combattre les dérives sectaires", édition Belle Page Paris", 38 pages
ADOSEN, " L'éducation au service de la santé", décembre 2009, n°166
Les grands dossiers des sciences humaines n°5, L'origine des religions, 2007
Sciences et avenir, septembre 2005
Fournier Anne,"La Dérive sectaire" , Puf, 1999
Abgrall Jean-Marie, "La mécanique des sectes", édition Payot et Rivages, 1996, 338 pages
Drogou Annick, "Le dico des sectes", édition Milan, Les dicos essentiels, 1998
Luca Nathalie, "Que sais-je ? Les sectes.",Puf , 2011

Sources Internet :
http://atheisme.free.fr/Themes/Sectes.htm
http://www.interieur.gouv.fr/sections/a_votre_service/votre_securite/votre-famille/derive-sectaire-dangereuse
http://www.antisectes.net/phosphore.htm
http://www.miviludes.gouv.fr/
http://fr.wikipedia.org/wiki/Secte
http://www.dinosoria.com/secte.htm
http://www.prevensectes.com/home.htm
http://www.miviludes.gouv.fr